Rouler avec un niveau d’additif FAP insuffisant expose votre véhicule à des risques mécaniques importants et augmente significativement vos émissions polluantes. Nous vous expliquons pourquoi cet additif joue un rôle central dans le bon fonctionnement de votre filtre à particules et comment réagir rapidement face aux premiers signes d’alerte. Voici ce que vous devez retenir :
- L’additif FAP permet au filtre de se régénérer en brûlant les particules de suie à basse température
- Un niveau trop bas entraîne l’encrassement du filtre et peut mettre votre moteur en mode dégradé
- Vous disposez d’environ 300 à 500 km maximum avant de devoir impérativement refaire le plein
- Le remplacement d’un FAP détérioré coûte entre 800 et 2000 €, contre 30 à 60 € pour un litre d’additif
Qu’est-ce que l’additif FAP et à quoi sert-il ?
L’additif FAP, parfois commercialisé sous le nom de cérine, est un liquide chimique spécialement conçu pour faciliter la régénération du filtre à particules de votre véhicule diesel. Sa composition inclut généralement des oxydes de fer, du cérium et des solvants spéciaux qui permettent d’abaisser la température de combustion des suies.
Sans cet additif, les particules de suie accumulées dans le FAP nécessiteraient des températures supérieures à 600°C pour brûler. Grâce à l’additif, cette combustion s’effectue dès 450°C environ, une température que votre moteur atteint régulièrement lors de vos trajets. Cette différence de 150°C change tout : elle rend le nettoyage du filtre beaucoup plus fréquent et efficace.
Nous tenons à préciser que l’additif FAP ne doit pas être confondu avec l’AdBlue. Ce dernier traite les oxydes d’azote (NOx) via un système SCR, tandis que l’additif FAP s’attaque aux particules fines. Les deux systèmes sont complémentaires sur certains véhicules récents.
Comment fonctionne le filtre à particules avec l’additif FAP ?
Le système est entièrement automatisé. Votre véhicule injecte de manière électronique une petite quantité d’additif directement dans le carburant diesel, selon un dosage précis calculé par le calculateur moteur. Cette injection se fait progressivement, à raison de quelques millilitres tous les pleins.
Lorsque vous roulez, les particules de suie produites par la combustion du diesel s’accumulent naturellement dans le filtre à particules. Grâce à l’additif mélangé au carburant, ces particules sont enrobées d’un catalyseur qui facilitera leur combustion ultérieure.
Dès que le calculateur détecte un certain niveau d’encrassement du FAP (généralement tous les 400 à 600 km), il déclenche automatiquement une phase de régénération. Le moteur monte alors en température, et les suies imprégnées d’additif brûlent à environ 450°C au lieu de 600°C. Les résidus sont transformés en cendres minérales, beaucoup moins volumineuses, qui s’évacuent progressivement par l’échappement.
Pourquoi le niveau d’additif FAP baisse-t-il avec le temps ?
La consommation d’additif est directement proportionnelle à votre kilométrage. En moyenne, un véhicule consomme environ 1 litre d’additif tous les 80 000 km, mais cette valeur varie selon plusieurs facteurs :
Votre style de conduite influence fortement cette consommation. Les trajets urbains courts, avec de nombreux arrêts, génèrent davantage de suie et nécessitent donc plus de régénérations. À l’inverse, les longs trajets autoroutiers permettent au moteur d’atteindre sa température optimale et produisent moins de particules.
La qualité du carburant utilisé joue aussi un rôle. Un diesel de qualité médiocre produit plus de résidus et accélère la consommation d’additif. Nous vous recommandons de privilégier les stations-service reconnues, notamment pour les véhicules récents équipés de FAP performants.
L’âge et l’état général du moteur comptent aussi. Un moteur usé, qui consomme de l’huile ou dont les injecteurs sont encrassés, produira beaucoup plus de particules et sollicitera davantage le système de régénération.
Quels sont les signes d’un niveau d’additif FAP trop faible ?
Votre tableau de bord vous alerte généralement bien avant que la situation ne devienne critique. Le voyant spécifique à l’additif FAP s’allume typiquement lorsqu’il reste environ 2,5 litres dans le réservoir (sur une capacité totale de 3 à 5 litres selon les modèles).
Nous avons constaté que plusieurs symptômes peuvent apparaître progressivement :
Le voyant FAP peut clignoter lors des démarrages, signalant une régénération incomplète ou impossible. Vous remarquerez peut-être que votre véhicule tente de se régénérer plus fréquemment, avec une montée inhabituelle du régime moteur au ralenti.
Des messages d’alerte apparaissent sur l’afficheur multifonction, indiquant explicitement “Niveau additif FAP bas” ou “Faire l’appoint additif antipollution”. Sur certains modèles Peugeot, Citroën ou DS, le message précise même le kilométrage restant avant intervention obligatoire.
Dans les cas plus avancés, le moteur peut passer en mode dégradé. Vous ressentirez alors une perte de puissance notable, avec une limitation à 3000 tr/min et une vitesse maximale bridée autour de 90 km/h. Cette protection empêche d’endommager gravement le FAP.
Peut-on rouler avec un niveau d’additif FAP trop faible ?
Techniquement, vous pouvez parcourir entre 300 et 500 km après l’allumage du voyant, mais nous vous déconseillons vivement de pousser jusqu’à cette limite. Chaque kilomètre parcouru avec un niveau insuffisant rapproche votre FAP d’un encrassement irréversible.
Voici un tableau comparatif des conséquences selon la distance parcourue :
| Distance parcourue | État du FAP | Conséquences | Coût estimé |
|---|---|---|---|
| 0-100 km | Début d’encrassement | Régénérations inefficaces | 0 € (réversible) |
| 100-300 km | Encrassement modéré | Mode dégradé possible | 50-150 € (nettoyage) |
| 300-500 km | Encrassement avancé | Mode dégradé systématique | 200-400 € (décalaminage) |
| Au-delà de 500 km | Obstruction critique | Remplacement nécessaire | 800-2000 € |
Nous insistons sur le fait que continuer à rouler sans additif transforme votre FAP en une véritable éponge à suie. Les particules s’accumulent sans pouvoir être éliminées, formant des couches compactes qui bouchent progressivement les canaux du filtre. À ce stade, même un appoint d’additif ne suffira plus : seul un nettoyage professionnel ou un remplacement pourra résoudre le problème.
Quels sont les risques mécaniques et écologiques ?
Les conséquences d’un niveau d’additif insuffisant dépassent largement le simple désagrément d’un voyant allumé. Sur le plan mécanique, le FAP obstrué crée une contre-pression importante dans la ligne d’échappement. Votre moteur doit alors forcer pour expulser les gaz, ce qui augmente sa consommation de carburant de 10 à 15% et réduit ses performances.
Cette surpression peut endommager d’autres composants : le turbocompresseur souffre particulièrement de ces conditions anormales, et sa durée de vie peut être réduite de moitié. Les sondes de pression différentielle, qui surveillent l’état du FAP, peuvent également tomber en panne prématurément, ajoutant des frais de réparation.
L’impact écologique est considérable. Un FAP hors service rejette jusqu’à 40 fois plus de particules fines qu’un système fonctionnel. Votre véhicule devient alors un véritable pollueur, émettant des quantités massives de particules PM10 et PM2,5, particulièrement nocives pour la santé respiratoire.
Les conséquences légales ne sont pas négligeables non plus. Lors du contrôle technique, l’opacité des fumées est mesurée : un FAP défaillant entraîne automatiquement une contre-visite. Dans certaines zones à faibles émissions (ZFE), vous risquez une amende de 68 à 135 € et une interdiction de circuler si votre véhicule émet trop de polluants.
Que faire si le voyant d’additif FAP s’allume ?
Nous vous recommandons d’agir rapidement dès l’apparition du voyant. Votre première démarche consiste à vérifier le niveau d’additif lors de votre prochaine révision ou vidange si celle-ci est proche. Si vous avez dépassé 70 000 km depuis le dernier appoint, il est probablement temps de refaire le plein.
Le réservoir d’additif se situe généralement près du réservoir de carburant, sous le véhicule près de l’essieu arrière, ou parfois dans le coffre sous forme de poche souple. Sur certains modèles récents, l’additif se verse directement dans le carburant, sans réservoir séparé.
Pour effectuer vous-même le remplissage, munissez-vous d’un additif compatible avec votre véhicule (marque d’origine recommandée), de gants et lunettes de protection (le produit peut être irritant), et éventuellement d’un cric si le réservoir est difficile d’accès. Versez l’additif jusqu’au niveau recommandé, généralement entre 3 et 5 litres selon les modèles.
Après le remplissage, vous devrez réinitialiser le voyant. Sur certains véhicules, cette opération se fait automatiquement après quelques kilomètres. Sur d’autres, une procédure spécifique via le tableau de bord est nécessaire, ou même l’utilisation d’une valise diagnostic chez un professionnel. Consultez votre manuel d’utilisation pour connaître la méthode adaptée à votre modèle.
Si vous n’êtes pas à l’aise avec cette intervention, confiez cette tâche à votre garagiste. Le coût de la main-d’œuvre reste modéré (30 à 50 €) comparé aux risques d’une mauvaise manipulation. Surtout, n’attendez pas que le moteur passe en mode dégradé : à ce stade, une simple remise à niveau ne suffira plus et un décalaminage professionnel s’imposera.

