Le champ P.6 de votre carte grise indique la puissance fiscale de votre véhicule, exprimée en chevaux fiscaux (CV). Cette donnée administrative sert principalement à calculer le montant de votre taxe régionale lors de l’immatriculation. Contrairement à la puissance réelle du moteur, les chevaux fiscaux constituent une valeur purement fiscale qui détermine une grande partie du coût de votre certificat d’immatriculation.
Nous allons vous expliquer :
- Ce que représente exactement le champ P.6 et où le trouver
- Les différences entre puissance fiscale et puissance mécanique
- Les formules de calcul selon le type de motorisation
- L’impact financier direct sur votre carte grise
- Les variations tarifaires importantes selon les régions françaises
Que vous achetiez un véhicule neuf, d’occasion ou importé, comprendre le champ P.6 vous permettra d’anticiper vos frais d’immatriculation et d’éviter les mauvaises surprises.
Qu’est-ce que le champ P.6 sur la carte grise ?
Le champ P.6 figure sur votre certificat d’immatriculation, généralement en bas à droite dans la section consacrée aux caractéristiques techniques. Cette rubrique affiche un nombre suivi de “CV”, qui représente la puissance administrative de votre véhicule.
Nous tenons à souligner que cette valeur diffère totalement de la puissance mécanique réelle. Un véhicule peut développer 150 chevaux DIN tout en affichant seulement 8 CV fiscaux. Cette puissance administrative constitue une construction mathématique basée sur plusieurs paramètres techniques, utilisée exclusivement par l’administration fiscale française.
Vous retrouverez également cette information sur le certificat provisoire d’immatriculation (CPI), ce document temporaire valable 30 jours qui vous est remis en attendant votre carte grise définitive. Le champ P.6 apparaît au même emplacement, garantissant la continuité administrative.
À quoi sert la puissance fiscale d’un véhicule ?
La puissance fiscale remplit plusieurs fonctions administratives et financières. Son rôle principal consiste à déterminer le montant de la taxe régionale, qui représente souvent la plus grosse part du coût total de votre carte grise.
Nous constatons régulièrement que cette donnée influence aussi d’autres aspects :
- Votre assureur peut l’utiliser comme critère tarifaire, notamment pour les jeunes conducteurs
- Les frais de mise en circulation varient selon cette puissance
- Le système de bonus-malus écologique prend parfois en compte ce paramètre
Pour les véhicules importés ou anciens, la puissance fiscale permet aux services d’immatriculation français d’évaluer précisément les frais applicables. Lorsque vous faites immatriculer un véhicule étranger, l’administration calcule automatiquement les chevaux fiscaux à partir des données techniques du champ P.2, car les certificats étrangers ne mentionnent pas cette information spécifiquement française.
Quelle est la différence entre puissance fiscale et puissance réelle ?
Nous devons clarifier cette confusion fréquente : la puissance fiscale (champ P.6) et la puissance réelle (champ P.2) mesurent deux choses totalement distinctes.
La puissance réelle représente la capacité mécanique effective du moteur. Elle s’exprime en kilowatts (kW) ou en chevaux DIN (ch), et vous la trouvez dans le champ P.2 de votre carte grise. Cette valeur mesure l’énergie que votre moteur peut déployer sur la route.
La puissance fiscale, elle, résulte d’un calcul administratif qui combine plusieurs critères : la puissance en kW, les émissions de CO₂ (pour les anciens véhicules), et des coefficients fixés par la réglementation. Un véhicule de 100 kW peut afficher 5 CV fiscaux comme 10 CV fiscaux selon sa motorisation et son année d’homologation.
Prenons un exemple concret : une citadine essence moderne de 75 kW (102 ch DIN) affiche généralement 5 CV fiscaux, tandis qu’un SUV diesel de même puissance peut atteindre 7 ou 8 CV fiscaux selon ses émissions. Cette différence impacte directement votre facture d’immatriculation.
Comment est calculée la puissance fiscale (CV) ?
Le calcul de la puissance fiscale varie selon le type de motorisation et la date d’homologation de votre véhicule. Nous vous détaillons les trois formules principales utilisées actuellement.
Pour les véhicules thermiques homologués depuis 2020 : CV = 1,34 + (1,8 × (kW / 100)²) + (3,87 × (kW / 100))
Cette formule s’appuie uniquement sur la puissance moteur en kilowatts, que vous trouvez dans le champ P.2.
Pour les véhicules électriques : CV = (0,00018 × kW²) + (0,0387 × kW) + 1,34
Les voitures électriques bénéficient généralement de puissances fiscales plus avantageuses à puissance réelle équivalente.
Pour les véhicules anciens (norme NEDC) : CV = (CO₂ / 45) + (kW / 40)^1,6
Cette ancienne formule intégrait les émissions de CO₂ (champ V.7), pénalisant davantage les véhicules polluants.
Cas particulier des deux-roues :
| Cylindrée | Puissance fiscale |
|---|---|
| 0 – 125 cm³ | 1 CV |
| 126 – 175 cm³ | 2 CV |
| 176 – 250 cm³ | 3 CV |
| 251 – 350 cm³ | 4 CV |
| 351 – 500 cm³ | 5 CV |
| Au-delà de 500 cm³ | +1 CV par tranche de 125 cm³ |
Pour les motos et scooters, le calcul se base exclusivement sur la cylindrée du moteur.
Quel est l’impact du champ P.6 sur le prix de la carte grise ?
Le champ P.6 détermine le montant de la taxe régionale, qui constitue généralement 70 à 85 % du coût total de votre carte grise. Le calcul s’effectue par une multiplication simple : nombre de CV × prix du cheval fiscal dans votre région.
Prenons un exemple parlant : vous immatriculez une voiture de 7 CV fiscaux. Si vous résidez en Corse où le cheval fiscal coûte 27 €, votre taxe régionale s’élèvera à 189 €. Avec le même véhicule dans le Grand Est où le tarif atteint 60 €, vous paierez 420 €, soit 231 € de différence.
Au-delà de la taxe régionale, d’autres frais s’ajoutent systématiquement :
| Type de taxe | Champ | Montant indicatif |
|---|---|---|
| Taxe de gestion | Y.4 | 11 € (fixe) |
| Redevance d’acheminement | Y.5 | 2,76 € (fixe) |
| Taxe CO₂/Malus écologique | Y.3 | Variable selon émissions |
| Taxe véhicules professionnels | Y.2 | Si applicable |
Nous observons que certains véhicules bénéficient d’exonérations totales ou partielles. Les voitures 100 % électriques ou hydrogène échappent généralement à la taxe régionale. Les véhicules de plus de 10 ans profitent d’une réduction de 50 % sur le prix du cheval fiscal, diminuant considérablement le coût d’immatriculation.
Attention : les véhicules hybrides ne bénéficient plus automatiquement d’avantages fiscaux. Certaines régions comme le Grand Est taxent désormais ces motorisations au même titre que les thermiques classiques.
Quels sont les tarifs du cheval fiscal selon les régions ?
Les écarts tarifaires entre régions françaises atteignent des proportions surprenantes. Nous vous présentons les tarifs 2025 qui illustrent ces disparités :
Régions les moins chères :
- Corse : 27 €
- Hauts-de-France : 42 €
- Île-de-France : 46,15 €
Régions intermédiaires :
- Provence-Alpes-Côte d’Azur : 51,20 €
- Martinique : 53 € (augmentation depuis 2024 où le tarif était de 30 €)
Régions les plus chères :
- Grand Est : 60 €
- Centre-Val de Loire : 60 €
- Bourgogne-Franche-Comté : 60 €
Ces différences reflètent les politiques budgétaires de chaque conseil régional. Pour un véhicule de 10 CV fiscaux, vous débourserez 270 € en Corse contre 600 € dans le Grand Est, soit un écart de 330 €.
Nous vous recommandons de vérifier les exonérations spécifiques à votre région avant tout achat. Certaines régions comme la Bretagne ou le Centre-Val de Loire accordent encore des réductions de 50 % pour les véhicules propres, tandis que d’autres n’offrent plus aucun avantage depuis les réformes récentes.
Retenez également que les remorques, véhicules agricoles et scooters de moins de 50 cm³ ne sont pas soumis à la taxe régionale basée sur le champ P.6, quelle que soit votre région d’immatriculation.
